Pas de pansement rapide contre le réchauffement climatique

La question de savoir si la réduction des substances à courte durée de vie ayant un impact sur le climat permet ou non de retarder le réchauffement de l'atmosphère a suscité un débat entre les politiques et les scientifiques. Aujourd'hui, une équipe de recherche internationale confirme que seule la réduction des émissions de dioxyde de carbone permet de remédier à long terme au réchauffement climatique.

Vue agrandie : Alerte au smog : les émissions à courte durée de vie ayant un impact sur le climat, comme la suie des moteurs, n'ont guère d'influence sur le réchauffement climatique. (Image : michael davis-burchat/flickr)
Alerte au smog : les émissions à courte durée de vie ayant un impact sur le climat, comme la suie des moteurs, n'ont guère d'influence sur le réchauffement climatique. (Image : michael davis-burchat/flickr)

Lors de l'utilisation de sources d'énergie fossiles, l'homme produit non seulement du dioxyde de carbone, qui a une longue durée de vie, mais aussi d'autres gaz ayant un impact sur le climat. La combustion de diesel dans les véhicules ou de charbon dans les centrales électriques produit par exemple des particules de suie, qui contribuent également au réchauffement du climat, même si ce n'est que pour une courte durée, car elles disparaissent rapidement de l'atmosphère. Les gaz climatiques à courte durée de vie (SLCF) émis par les activités humaines comprennent également le méthane, le dioxyde de soufre et, dans une moindre mesure, les hydrofluorocarbures. Ils ont tous une influence mesurable sur le climat.

C'est pourquoi les milieux politiques et économiques caressent la possibilité de freiner le changement climatique en éliminant ces SLCF, sans pour autant réduire les émissions de CO2-doivent être réduites sans délai. L'élimination des gaz climatiques à courte durée de vie, selon l'idée, permet à la communauté mondiale de gagner du temps pour réduire les émissions de CO2-pour introduire plus tard des mesures de réduction des émissions.

Des gaz à courte durée de vie et des effets éphémères

Une étude qui vient d'être publiée dans la revue spécialisée PNAS fournit désormais un nouvel argument contre la réduction unilatérale des émissions de SLCF. Une équipe multidisciplinaire de scientifiques, dirigée par Joeri Rogelj, physicien du climat à l'ETH, a calculé à l'aide de plusieurs modèles comment les effets climatiques des émissions de CO2 et SLCF se décomposent et sont en relation les uns avec les autres.

Dans les scénarios où la température moyenne mondiale augmente de moins de deux degrés par rapport à l'ère préindustrielle, les mesures à court terme visant à réduire le SLCF n'ont qu'un faible effet sur la hausse des températures à long terme. Même à court terme, l'effet des réductions de SLCF est nettement plus faible dans les scénarios à deux degrés.

Les chercheurs n'ont pas non plus pu calculer un véritable "gain climatique" à long terme si les émissions de méthane ou d'hydrofluorocarbures, par exemple, sont contenues le plus t?t possible. Ces deux espèces SLCF peuvent influencer les températures dans un avenir proche, mais le bénéfice à long terme des mesures de réduction à court terme de ces gaz n'est pas plus important que si les mesures n'étaient prises que plus tard.

CO2-La réduction des émissions de noir de carbone réduit également les émissions de suie

De même, dans un scénario à deux degrés, les mesures de réduction supplémentaires contre le black carbon, c'est-à-dire la suie produite par la combustion d'énergies fossiles, ne sont guère utiles pour freiner le réchauffement. En effet, si l'on veut limiter l'augmentation de la température mondiale à deux degrés, le CO2-doivent impérativement être prises, ce qui permet également de réduire les principales émissions de suie.

Dans leur étude, les chercheurs montrent que la formation, tout comme l'élimination du SLCF et du CO2 doivent être considérées de manière couplée. On ne peut pas considérer une partie isolément de l'autre, car les deux émissions proviennent souvent de la même source - les combustibles fossiles - écrivent les scientifiques.

Ainsi, un moteur diesel rejette par exemple de la suie et du CO2 à partir de. Si l'on réduit la suie par exemple avec des filtres à particules, on a certes diminué une émission qui réchauffe le climat (et servi la protection de l'air). Mais cette pollution de l'air ne reste que peu de temps dans l'atmosphère et n'agit donc que pendant une courte période. Mais malgré les filtres, on continue d'observer des mesures de réduction du CO2 et celui-ci a une durée de vie extrêmement longue. Une fois produit par un processus de combustion, il reste dans l'atmosphère pendant des centaines, voire des milliers d'années, et peut déployer son effet de moteur du réchauffement climatique pendant longtemps.

Pas d'alternative au CO2-réduction

"Croire que l'on peut gagner du temps ou stabiliser le réchauffement climatique en éliminant les SLCF est un leurre", déclare Rogelj. Selon lui, les mesures de réduction des gaz climatiques à courte durée de vie doivent plut?t être considérées comme un complément aux mesures de réduction du CO2-et non comme un substitut aux mesures de réduction de la pollution. Les SLCF ne sont efficaces que tant qu'ils sont produits. Dès qu'il n'y a plus d'approvisionnement, leur effet réchauffant dispara?t rapidement. En revanche, le dioxyde de carbone contribue le plus au réchauffement de la planète. Avec son temps de résidence à long terme dans l'atmosphère, le dioxyde de carbone a un effet cumulatif. "Si nous arrêtions immédiatement toutes les émissions d'origine humaine, les concentrations de SLCF dans l'atmosphère diminueraient assez rapidement, mais pas celles de CO2."

Leur étude se base sur trois modèles différents : un modèle de développement du système énergétique mondial, un modèle de pollution atmosphérique et un modèle climatique. Les chercheurs ont obtenu leurs résultats en combinant ces trois modèles.

A l'aide des modèles, les climatologues ont calculé différents scénarios, dont un scénario maximal dans lequel aucune mesure de réduction des émissions de CO2-sont introduites et que les émissions de CO2-La concentration de CO dans l'atmosphère devrait augmenter de fa?on continue jusqu'en 2100. Dans d'autres scénarios, la concentration de CO2-afin d'atteindre l'objectif des deux degrés d'ici 2100.

Littérature

Rogelj J et al : Disentangling the effects of CO2 and short-lived climate forcer mitigation. PNAS, publication en ligne du 3 novembre 2014. DOI : c?té externe10.1073/pnas.1415631111

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