La ville du futur : à l'épreuve des tremblements de terre, s'il vous pla?t !

Les images qui ont suivi les tremblements de terre en Ha?ti, au Japon, à L'Aquila ou à Christchurch ont profondément marqué les esprits : des maisons détruites, des scènes de chaos, des blessés et des morts. Les tremblements de terre restent un danger mortel pour les villes du futur, mais nous ne sommes pas impuissants face à eux.

Vue agrandie : Dommages causés par le tremblement de terre à Christchurch en 2011
L'urbanisme du futur doit également prendre en compte la sécurité sismique afin d'éviter des dég?ts comme ceux de Christchurch en 2011. (Photo : Sharon Davies/ flickr CC BY-NC 2.0)

Au cours des 25 dernières années, environ 700'000 personnes sont mortes à cause des tremblements de terre et de leurs effets directs et indirects, comme les tsunamis ou les glissements de terrain. Les prévisions pour les 25 prochaines années sont tout aussi lugubres : La probabilité que des méga-séismes frappent des méga-villes augmente. La raison en est l'urbanisation mondiale qui se poursuit à un rythme effréné. Elle rend envisageables des scénarios pouvant entra?ner jusqu'à un million de morts et/ou des dommages économiques pouvant atteindre un billion de dollars. Les médias parlent-ils donc à juste titre de "séismes meurtriers" ?

En tant que sismologue, j'aimerais rappeler ici que ce ne sont pas les tremblements de terre qui tuent les gens, mais les maisons ou les structures construites par l'homme. La faute nous incombe donc à nous-mêmes. Contrairement à d'autres dangers naturels tels que les avalanches ou les inondations, un tremblement de terre est, selon l'environnement, une expérience sans danger et même impressionnante. Vivre un fort tremblement de terre en pleine campagne, dans une tente ou dans un b?timent construit pour résister aux séismes serait effrayant, mais à part cela, inoffensif. Il en va tout autrement dans un b?timent non con?u pour résister aux séismes. Si celui-ci est soumis à un fort mouvement du sol, sa vie peut être mise en danger. Les effets secondaires déclenchés par les tremblements de terre, notamment les tsunamis, sont en outre directement dangereux pour les personnes.

Rares, mais au potentiel destructeur

Et qu'en est-il en Suisse ? Peu de gens savent que chez nous, les tremblements de terre présentent le plus grand potentiel de dommages parmi les dangers naturels. L'office fédéral de l'environnement déclare à ce sujet : "Aujourd'hui, la majorité des constructions et installations existantes en Suisse présentent une sécurité sismique inconnue et parfois trop faible". [1]Heureusement, les forts séismes sont rares en Suisse. Mais s'il devait à nouveau trembler comme en 1855 à Viège ou en 1356 à B?le, des dizaines de milliers de b?timents seraient fortement endommagés et les co?ts pourraient dépasser les 100 milliards de francs. En outre, des dizaines de milliers de propriétaires seraient poussés à la faillite et plus d'une banque se retrouverait en sérieuse difficulté, car malgré plusieurs tentatives, la Suisse ne dispose pas encore d'une assurance généralisée contre les tremblements de terre.

Je souhaite donc à tous ceux qui contribuent à construire les villes du futur, ici en Suisse ou n'importe où dans le monde : s'il vous pla?t, n'oubliez pas les tremblements de terre dans la planification ! Il n'est ni difficile ni co?teux de construire en tenant compte des tremblements de terre, les connaissances existent. Mais il manque souvent la conscience pour les appliquer. Dans certaines régions du monde, il manque en outre des connaissances de base sur les risques et la manière de les gérer. Dans ce domaine, je pense que la Suisse et l'ETH Zurich pourraient s'engager encore davantage. Une étape importante à cet égard a été franchie en janvier : Le conseiller fédéral a décidé que la Suisse et l'ETH Zurich participeraient également à la deuxième phase du "Global Earthquake Model" (GEM, [2]). Le GEM a été lancé en 2006 sous la forme d'un partenariat public-privé par le Global Science Forum de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) et a également été promu de manière déterminante par l'ETH Zurich. L'objectif est de mettre en place une plate-forme ouverte et globalement interconnectée pour la cartographie et la surveillance des risques sismiques. L'accent est mis en particulier sur les pays en développement et les pays émergents, où les connaissances sur les tremblements de terre sont parfois encore limitées.

Le niveau de protection que nous pouvons et voulons nous offrir est entre nos mains. Nous serions en mesure de ne pas laisser le risque de dommages sismiques continuer à augmenter dans le monde et en Suisse. Nous pourrions même le réduire de plus de la moitié au cours des prochaines décennies. Pourquoi pas, en fait ?

Informations complémentaires

[1] Office fédéral de l'environnement : page externeTremblements de terre en Suisse : danger et risque

[2] page externeModèle de tremblement de terre mondial

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