Deep Learning, préfabriqué

Voitures autopilotées, détection automatique de cellules cancéreuses, traducteurs en ligne : le deep learning rend tout cela possible. Le spin-off de l'ETH "Mirage Technologies" a développé une plateforme d'apprentissage profond qui doit aider les start-up et les entreprises à développer et à optimiser plus rapidement leurs produits.

Mirage Technologies AG
Mirage promet de nouveaux modèles d'apprentissage profond faciles à utiliser. (Graphique : Mirage Technologies AG)

Le nom a quelque chose de féerique : le mot fran?ais "Mirage" signifie mirage - ou image trompeuse. L'idée derrière le nom : "Ce que tu vois dans le monde virtuel n'est peut-être pas réel". C'est ce qu'affirme Igor Susmelj (27 ans), dipl?mé en électrotechnique de l'ETH, en faisant référence aux images ou vidéos manipulées sur les réseaux sociaux et les plateformes comme Youtube, qui nous sont vendues comme des réalités à l'authenticité troublante.

Sa mission de rendre visible ce qui est réel est à l'origine de sa start-up. Lors du concours de programmation "Hackzurich" 2018, Susmelj et trois de ses camarades ont présenté une application web pour la détection de fausses vidéos. "Deepbusters" a remporté le premier prix. Cela semblait ouvrir la voie de l'indépendance aux "jeunes sauvages", qui se sont rendus aux ?tats-Unis et y ont suscité un grand intérêt (médiatique). Il s'est toutefois rapidement avéré qu'une telle plateforme ne permettait guère de gagner de l'argent. Ils ont donc adapté leur modèle commercial.

Des briques d'IA préprogrammées

Avec son acolyte de Deepbusters, l'informaticien de l'ETH Heiki Riesenkampf, Susmelj a fondé en septembre 2018 la start-up "Mirage Technologies". Leur savoir-faire en matière d'apprentissage automatique, dont ils ont fait preuve avec Deepbusters, en constitue la base. Mirage promet de nouveaux modèles d'apprentissage en profondeur qui sont faciles à utiliser. Le spin-off de l'ETH met à la disposition des développeurs des "roquettes" préprogrammées et entra?nées - en informatique, on parle de modèles. Ces modèles sont divisés en familles, chacune pouvant être utilisée pour des problèmes spécifiques, par exemple la reconnaissance d'objets ou la super-résolution d'images - une méthode permettant d'agrandir des images de faible résolution.

Vue agrandie : Igor Susmelj et Heiki Riesenkampf (Image : Mirage Technologies AG)
Igor Susmelj et Heiki Riesenkampf (image : Mirage Technologies AG)

Les Rockets mis à disposition par Mirage ont d'une part été entra?nés avec des milliers d'images, mais ils sont également capables d'apprendre. S'il n'existe pas de modèle utilisable pour une t?che spécifique, Mirage peut l'alimenter avec des données supplémentaires gr?ce à ce que l'on appelle l'apprentissage par transfert. "Comme nous n'avons pas besoin d'entra?ner notre modèle à partir de zéro, nous avons besoin de beaucoup moins de données", explique Susmelj. Les utilisateurs peuvent ensuite faire voler les Rockets de Mirage avec un code à deux lignes dans leur langage de programmation préféré et sur différents appareils.

Pourquoi les grands sont devant

Igor Susmelj et Heiki Riesenkampf sont des assistants de développement technologique. Avec leur produit, ils veillent à ce que les méthodes d'apprentissage profond puissent être appliquées à bas niveau sans dépendre de géants de la technologie comme Google ou Microsoft. Ces derniers ont une énorme longueur d'avance en matière de deep learning. En effet, ils traitent depuis longtemps de très nombreuses données avec lesquelles ils peuvent entra?ner leurs modèles. Pour des applications complexes comme le développement d'une voiture sans chauffeur, des millions d'images et des milliers d'heures de vidéo sont nécessaires. De plus, le deep learning exige une très grande puissance de calcul, car les paramètres doivent souvent être entra?nés pendant plusieurs jours. Pour ses modèles, Mirage a recours à des données open source et à des plateformes de recherche.

Une plateforme pour les explorateurs

Les deux jeunes entrepreneurs ont jusqu'à présent investi beaucoup de temps, d'argent et d'énergie dans Mirage - ils n'ont encore rien gagné. Tous deux ont réussi à garder la tête hors de l'eau en exer?ant divers emplois - ce qui fonctionne plut?t bien, car : "Dans le domaine des logiciels, on n'a pas besoin d'une grande infrastructure et on est indépendant du lieu", explique le Lucernois. De plus, ils peuvent utiliser les espaces de travail communs de l'ETH pour les start-up et les spin-offs à des conditions avantageuses. Mais ce qui est plus important pour Susmelj, c'est le réseau auquel il a pu accéder gr?ce à l'ETH. "C'est extrêmement utile", dit-il.

Bien s?r, il aimerait un jour quitter le "mode étudiant" et gagner de l'argent avec son travail. Mirage mise actuellement sur la volonté d'expérimentation des entreprises : "De nombreuses entreprises souhaitent essayer de nouvelles technologies", explique Susmelj. Actuellement, des fonctions de base sont disponibles gratuitement sur la plate-forme. De cette manière, Mirage veut se constituer une clientèle qui fera conna?tre la solution et qui, plus tard, paiera également pour de nouveaux produits et services.

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